La Bataille d'Eregion

Les préparatifs terminés, l'armée dirigée par Aldur et les Elfes se prépara à parir. Laiquasor observait avec intérêt les Hommes : c'était une grande armée de fantassins, protégés par des armures et des casques brillants ; il n'y avait que peu de chevaux. Lui-même avait emprunté aux Numénoréens un cheval, car il était venu à pied, en traversant les lignes orques. Il était le seul à connaître la position des Orques, donc il menait la grande armée, monté sur son cheval blanc, portant Angriss en croupe, aux côtés de Glorendil et Aldur. Il se retournait souvent pour regarder l'armée des Hommes et en profitait pour jeter un coup d'oeil rapide à Angriss, qui regardait le paysage. Il paraissait vraiment comique, avec un manteau prêté par les Numénoréens qui était beaucoup trop grand pour lui : les épaules lui arrivaient au niveau des coudes, et ses doigts disparaissaient sous les manches qu'il remontait fréquemment...

* J'ai déjà vu ces traits quelque part... Voyons, mais où ? *

Il s'interrogeait avec perplexité.

Aldur suivait le cheval de Laiquasor, et commenca à converser avec lui :

Vous qui avez vu le camp des Orques, à combien de lieues est-il ?

Glorendil chevauchait au côté d'Angriss et Laiquaisor. Il prit une grande inspiration et sentit une odeur trop familère pour lui, l'odeur du feu. Il se posait des milliers de questions : pourquoi voulaient-t-il des armes ? même étant spéciales elle n'avaient pas le privilège de faire bouger autant de troupes. Pourquoi le voulaient-il, lui qui était si faible et si jeune ? Malgré toutes ses questions il s'aprocha de l'étalon de Laiquaisor mais se mit au niveau d'Angriss.

"Alors, jeune elfe, es-tu prêt pour ta première bataille ? Je sais que ta conduite te dit " A la bataille!!" mais je sais aussi que ton coeur te dit " Rentrons chez nous". Ne t'inquiète pas pour cela, l'expérience que tu vas acquérir t'aidera plus tard. Ton habit est trop long alors coupe le à ta juste taille sinon il te gênera."

Voyant Angriss se débattre avec le large tissu, il prit une dague et le fit lui même.

Le jeune Elfe observa avec inquiétude la lame qui taillait dans son vêtement. Les paroles de Glorendil, au lieu de le réconforter, le terrifiaient ! Il se serra un peu plus étroitement contre Laiquasor.

"Mais ... mais Glorendil, je ne sais pas me battre, tu le sais bien ... "

Laiquasor répondit à Aldur :

"Je ne raisonne pas en lieues, comme vous, Humains. Pour une armée, cela doit être environ à une journée de marche... Nous devrions commencer à moins faire de bruit, les éclaireurs orques pourraient nous entendre..."

Il se retourna vers Angirss :

"Tu veux me dire quelque chose, mon garçon ?"

Laiquasor réalisa bien, en se retournant, à quel point le jeune Elfe était effrayé. Il leva les yeux vers lui, en demandant d'une petite voix

"Eh bien ... tout à l'heure, Glorendil a dit quelque chose en Commun, sur des Forgerons ... je ne parle pas bien le Commun, et il n'a pas voulu me le traduire ... Est-ce que c'est important ? Tout à l'heure il me regardait bizarrement ...Vous aussi, d'ailleurs ... Maintenant que je suis Forgeron, je ... j'ai des devoirs ...."

Il se blottit un peu plus contre le dos de Laiquasor, cachant son visage contre lui, tout en chuchotant

"Glorendil me prend pour un guerrier ... mais je ne sais pas du tout me battre .. et j'ai peur, vous savez ... Vous ne pourriez pas lui expliquer ? Peut-être que, venant de vous, il comprendrait ?"

(oups j'avais pas vu la réponse) ...

Laiquasor regarda Angriss ; il voyait bien qu'il était effrayé et essaya de ne pas l'inquiéter plus.

"N'aie pas peur, mon garçon. Si tu restes bien derrière moi, ou si tu as vraiment peur, tu restes avec les généraux à l'arrière, il ne t'arrivera rien... "

Il ne voulait pas effrayer encore plus Angriss en lui expliquant les paroles de Glorendil ; il ne savait comment lui répondre...

"Et bien... Glorendil a dit que les orques manquaient de forgerons..."

A ces paroles, Angriss observa attentivement les généraux humains arrogants , qui, depuis la veille, ne lui avaient prêté absolument aucune attention. Ils seraient trés certainement trop occupés à diriger la bataille pour le protèger en cas de problème, en admettant qu'ils daignent le remarquer ... Il ne souhailtait pas non plus dire que leurs traits souvent marqués de cicatrices n'étaient guère faits pour le rassurer ! Et il ne pourrait pas rester en permanence dans les jambes d'Aldur ....


D'autre part ... il regarda plus attentivement leur équipement ... Leurs armures n'avaient rien de tenues d'apparat; ces hommes chargeraient sans doute à la tête de leurs troupes, le laissant seul, à la merci du premier Orque venu ... pas une bonne idée ....

"Il vaut sans doute mieux que je reste avec vous ... Comme je ne comprends pas leur langage, nous nous gênerions mutuellement. Je ferai ce que vous me direz."

Description de l'objet : un fin bracelet d'argent mat, exactement à la taille du poignet d'Angriss (il ne le serre pas et ne lui fait pas mal), orné d'un poinçon discret et, en relief, d'un petit emblême de la guilde des forgerons. Le bracelet ne se remarque que si on sait où chercher et quoi chercher.

"D'accord. Mais fais attention ! Reste bien derrière moi et ne me lâche pas ! "

Ce disant, il regarda le bracelet d'Angriss. Il se dit :

*Ce poinçon d'artisan me rappelle quelque chose... Mais oui ! C'est celui de Celebrimbor, je le reconnais, je l'ai vu sur une arme qu'il avait forgée... De plus, son bracelet est à sa taille, alors qu'il a le poignet plus fin qu'un adulte... je doute qu'ils fassent ces bracelets sur mesure, habituellement...*

Ils avançaient le long du chemin. A un moment, Laiquasor fit signe de s'arrêter et demanda deux éclaireurs pour aller avec lui.

L'attitude et les paroles de Laiquasor réconfortèrent le jeune Elfe.

Avisant un tas de pierres sur le bord du chemin, il commença par dire

" C'est compris. Je peux descendre un instant ?"

Puis, ayant obtenu l'assentiment de son aîné, il sauta vivement du cheval blanc, pour ramasser plusieurs pierres bien adaptées à la taille de sa main, et les mettre dans la petite sacoche prêtée par les Humains, où se trouvait déjà la nourriture qu'il avait emmenée. Ceci sous le regard étonné et un peu amusé des soldats Numénoréens.

Comme la plupart des Elfes de son âge, Angriss était habile aux jeux de lancer, et capable d'atteindre des cibles à bonne distance, bien qu'il n'ait jamais envisagé d'en envoyer sur des êtres vivants.

Il tendit ensuite la main vers Laiquasor afin que ce dernier l'aide à remonter (le cheval était un peu haut pour lui, malgré son agilité...).

Laiquasor lui prit la main et le tira pour l'aider à le faire monter. Il lui dit :

"C'est une bonne idée, mon garçon... Tu en auras besoin..."

*Mais oui ! Je sais qui il me rappelle... Même son caractère... Serait-il possible que ? *

Glorendil resta de plus en plus songeur, les paroles dites à Angriss avaient été trés dures, surtout pour un enfant comme lui, mais il avait au moins eu le mérite de ne pas faire ressentir sa peur. Glorendil faisait comme tous les Elfes pour conduire son cheval, c'est à dire le laisser aller en lui parlant pour lui indiquer la direction. Son cheval trottait frénétiquement, il sentait la bataille proche, il hennissait parfois, comme effarouché par une bourrasque de vent. En passant à côté d'un sapin, Glorendil prit lentement son arc et une flèche dans son carquois sur le flanc gauche de son cheval, et la décocha dans l'arbre. Un orc en tomba; mais il n'était pas mort, la fleche qui lui transperçait l'épaule.

"Drôle de fruit qui pousse dans ces arbres,il s'aprocha de l'orc à la fois enragé et terrorisé. Laiquasor approchez je vous prie, connaissez-vous leur langue si difficile a parler ?"

"Non, je ne la connais pas ; aucun Elfe ne la connaît. Mais comme tous les Orques, je pense que celui-ci peut comprendre la langue commune... Si Angriss veut comprendre, je lui ferait la traduction..."

[HRP : C'est presque insultant ce que tu viens de me demander ; demander à un Elfe s'il parle la langue des Orques !]

Angriss n'avait vu choir l'Orque qu'au dernier moment, il ne l'avait pas remarqué auparavant. Tandis que ses aînés discutaient, il repensa à une leçon apprise récemment auprés d'un professeur.

*Normalement, les éclaireurs Orques vont par deux pour dénoncer chacun les bêtises de l'autre à leur capitaine ...*

En sécurité et dans un endroit connu, cette leçon l'avait beaucoup amusé. Mais ici, sur un chemin de montagne, sachant que ce monstre avait été si prés ....

Cependant, il hésitait à interrompre ses aînés; on lui avait toujours enseigné à être courtois envers les gens plus âgés que lui (autrement dit, 95 % des gens qu'il connaissait ) ! Prenant son courage à deux mains, et une pierre dans sa sacoche, il risqua timidement :

"euuuh ... dites ... est ce que vous croyez qu'il y en a un autre par ici ?"

Laiquasor s'approcha de l'Orque par terre, quil jetait des regards haineux à tout le monde, spécialement aux Elfes. Il dit à Aldur :
"Mettez le sous bonne garde de vos soldats ; il ne faut pas qu'il s'échappe et prévienne ses congénères de notre arrivée. "
Puis, s'adressant aux autres :
"Maintenant, nous progresserons en formation de combat ; des éclaireurs nous couvriront à droite, à gauche, devant et derrière. Gardez-vous de faire le moindre bruit ! "
Aussitôt, 14 éclaireurs sortirent des rangs et se placèrent : quatre de chaque côté, le long de l'armée, à environ 100 mètres ; trois se placèrent devant, à 100, 200, et 400 mètres ; et trois autres se placèrent à l'arrière, sur une même ligne horizontale, écartés de 50 mètres les uns des autres.

[HRP : c'est quoi cette histoire de "trop dur" ? Si vous lui trouvez des problèmes, à Laiqui, dites-le moi, je modifierai son comportement ; si je le fais un peu distant, c'est que c'est un très vieil Elfe, dont le comportement paraît un peu étrange aux Hommes...]

"Si c'est ce que tu te demandes, nous allons rester à cheval. Tu aurais du mal à suivre, sinon, même si nous progresserons assez lentement... Si cela t'inquiète, les soldats de Numenor savent se déplacer assez silencieusement... Enfin, de leur point de vue, qui est assez différent du nôtre. Et nous ne pourrons maintenir le secret très longtemps... Nous devons seulement essayer d'être repérés le plus tard possible, pour bénéficier le plus de l'effet de surprise..."

Angriss hésitait vraiment à contredire un aîné. Cependant, il tenai à savoir ... Il demanda d'une petite voix, en rougissant timidement à l'idée qu'il ennuyait sans doute Laiquasor.

"Est-ce vrai que les chefs Orques envoient toujours les éclaireurs par deux, pour qu'ils puissent ensuite se dénoncer l'un l'autre ? Alors il doit y en avoir un autre pas loin, ou en train de se sauver ...."

Au moment où il dit cela, l'Orque en question descendit de son arbre à toute vitesse, et s'enfuit, dépassant tout les soldats. Au moment où il allait disparaître, Laiquasor prit son arc dans son dos, puis une flèche de son carquois, l'encocha, et tira sans avoir l'air de prendre le temps de viser. L'Orque s'effondra, la flèche dans son dos.

"Je suis désolé d'avoir dû faire cela devant toi, mon garçon, mais il allait prévenir ses chefs de notre arrivée imminente. J'aurais préféré le laisser à la garde de soldats... "

[HRP : Et voilà, affaire réglée ]

Angriss avait été surpris par la fuite de l'Orque : n'étant pas éclaireur, il ne savait pas encore exactement comment repèrer des espions.

Touché par la bonté qu'il percevait dans sa voix, il répondit

"De toutes façons, je vous verrai sûrement en tuer d'autres, que je le veuille ou non. Si je devais fermer les yeux à chaque fois, je serais un fadeau inutile pour vous ... J'espère que ... que ces monstres n'ont pas fait de mal à mes parents ...Je ne comprends même pas pourquoi ils nous détestent tant ..."

"Ils nous détestent car nous sommes trop différents d'eux, et nous représentons tout ce qu'ils haïssent... De plus, ils détestent tout, même leur propre personne, et leurs employeurs. Rassure-toi, ils ne peuvent pas avoir fait de mal à tes parents ; les murs de notre Cité sont bien trop hauts et trop solides pour qu'il les aient emportés. Et nous bénéficions de la protection de la Dame Blanche. Allez, en route ! "dit il en s'adressant à la troupe.

Le jeune Elfe ne savait comment expliquer qu'il craignait que son père, inquiet, ne soit parti à sa recherche, ceci d'autant qu'il était parti avec Aldur et les autres sur un coup de tête. Pour une fois qu'il se permettait de désobéir, il fallait que cela tourne à la catastrophe !

*Si je lui explique, il va être fâché contre moi, et va peut-être m'obliger à rester avec les humains ... ; mais ... et si quelque chose arrive à mon père ? Ce serait de ma faute ... Ce serait affreux et je ne peux rien dire ...*

Il s'était mis à trembler à cette idée, et n'osait plus lever les yeux vers Laiquasor, redoutant que ce dernier ne remarque quelque chose. Il était encore un peu jeune pour réaliser que son anxieté était évidente....